jeudi 9 août 2007

Kraken, une série monstrueuse

Non Jordi Bernet n’est pas que le dessinateur de Torpedo. S’il a un peu gâché son talent ces dernières années avec Claire de Nuit, il ne faut pas oublier tous ses excellents albums des années 80 dont le méconnu Kraken. Peu avide de séries en général, Kraken m’aura pris aux tripes tout au long des quatre tomes. Segura signe pour Kraken des scénarios d’une noirceur abyssale pour lesquels le choix de Bernet au dessin apparaît lumineux...
Le décor de la série est les égouts de Métropol, la ville la plus pourrie de la planète, dans lesquels vit le Kraken, monstre qui se nourrit de tout ce qui débouche dans les égouts, hommes et déchets. Le lieutenant Dante et le reste du groupe d’action souterraine sont chargés de surveiller le Kraken et d’arrêter les rebus de la société qui se livrent dans le réseau tentaculaire des égouts à toutes sortes d’exactions. Le ton de Kraken est résolument noir mais Segura ne livre pas pour autant une vision manichéenne de l’humanité. On voit dans le destin des malfrats que le choix entre le bien et le mal se joue souvent à peu de choses, une erreur judicaire, la nature qui s’acharne. Le lieutenant Dante se perd parfois lui-même dans les notions de bien et de mal et rend alors la justice avec son pistolet, en toute illégalité. La disparition du Kraken à la fin de la série arrive heureusement pour lui avant qu’il ne tourne du mauvais côté comme l’ont fait certains de ses collègues.
On sent chez cette génération espagnole des Abuli, Segura, Bernet une forte influence américaine. Dans Kraken, Segura se permet d’ailleurs un hommage à Orson Welles dans la Soif du mal. Mais cette influence n’est pas écrasante, ils ont su développer leur style, de la même manière que l’ont fait les Italiens avec le western spaghetti. Kraken est donc une série à redécouvrir de toute urgence, au risque de trouver bien fades la plupart des autres polars existant en bd. Mon seul bémol sur cette série vient du choix des Humanos et de Soleil de la publier en couleurs alors qu’elle était parue en Espagne en noir et blanc. Pour vous consoler, la baraque à Fritz vous offre une histoire en noir et blanc de deux pages inédite en français.

prix conseillés: environ 6 euros pour les 3 tomes parus aux Humanoïdes associés. Entre 10 et 15 euros pour le tome paru chez Soleil.













6 commentaires:

Anonyme a dit…

ah enfin une nouvelle note, je n'y tenais plus !
Dommage que ça parle d'une BD qui a l'air pourrie.

François a dit…

l'air pourrie? Tu veux sans doute parler de l'air vicié des égouts de Metropol? Non je ne vois pas d'autres explications.

Anonyme a dit…

A quand une critique de Vilebrequin ?

François a dit…

dès qu'il sera en vente d'occas' à 5 euros!
A part ça tu as d'autres titres à me suggérer pour des critiques? Un petit Cauvin de derrière les fagots? Eh oui je soigne mon lectorat.

Anonyme a dit…

Il est à noter pour les amateurs de noir et blanc que le Kraken de chez Soleil avait d'abord été édité sans couleurs, comme à l'origine, donc, par les éditions Gilou... Certes avec une histoire en moins...

François a dit…

J'ai entendu parlé de cet album. Mais j'ai l'impression qu'il est plus facile de tomber sur le Kraken que sur cet album.