mercredi 18 juillet 2007

Pour un fixe de Rand Holmes

Image Rand Holmes La bd canadienne bénéficie ces dernières années d’une certaine reconnaissance, notamment grâce au succès de l’éditeur canadien alternatif Drawn & Quaterly. L’éditeur a permis l’émergence d’auteurs comme Seth et Chester Brown qui ne trouvaient pas leur place dans la production standardisée nord-américaine. On ne peut pourtant pas réduire l’underground canadien à ces auteurs ni à cette génération. Le Canada a aussi été secoué par la contre-culture des années 60-70. On pense alors à Rand Holmes (1942-2002) et à son personnage emblématique Harold Hedd, hippie toujours en quête d’une bonne défonce. On peut faire un parallèle entre l’évolution de cette série et celle de la carrière de Rand Holmes. Au début, Harold Hedd apparaît comme une série ouvertement contestataire, ancrée dans un certain contexte politique. Le maire de Vancouver est ainsi régulièrement ridiculisé. Par la suite, la fiction et le divertissement prennent le pas sur la satire et la série s’achève avec La Coke du Führer en une sorte de MAD pour adultes. Ce serait toutefois une erreur d’analyser cette évolution comme un reniement de soi-même ou une compromission au système. Holmes n’a fait que revenir à ses premiers amours, les comics de Wally Wood. Holmes a en effet excellé dans des histoires de SF rappelant celles des E.C Comics dont Wood fut une figure de proue. L’influence graphique la plus subtile de Wood sur Holmes est la manière de dessiner l’intérieur des vaisseaux spatiaux par un jeu d’ombres et de lumière sur les parois et les appareils de bord (1, 2). Si l’influence de Wally Wood sur Rand Holmes est notoire, on ne peut les confondre pour autant. Contrairement à Wood, Holmes n’avait pas d’assistant et toutes ses planches sont empreintes d’une identité graphique forte dont une des spécificités est son utilisation très personnelle du jaune et du vert. Et s’il s’est écarté de la contestation pure, Holmes s’accordera toujours dans ses histoires une grande liberté de ton. La France peut se féliciter et surtout féliciter Fershid Bharucha d’avoir édité les œuvres les plus importantes de Rand Holmes. Chères fraîches, la Coke du Führer et Planètes pas nettes sont non seulement d’excellents albums mais également un bon moyen de suivre l'évolution artistique d’un auteur à découvrir si ce n’est déjà fait.

prix conseillés: entre 6 et 9 euros pour Planètes pas nettes, 7 et 11 euros pour la Coke du Führer et entre 18 et 25 euros pour Chères fraiches.

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